Hygiène

Journées d’études du bionettoyage 2025 : « L’ARBS est sur une trajectoire ascendante »


Rédigé par Joëlle Hayek le Mercredi 1 Octobre 2025 à 14:42 | Lu 63 fois


Depuis sa création en octobre 2023, l’Association des responsables du bionettoyage en santé (ARBS) n’a cessé de se développer, s’imposant progressivement dans le paysage hospitalier. À l’approche des Journées d’études du bionettoyage, qui se dérouleront à La Rochelle du 15 au 17 octobre 2025, en marge du congrès de l’URBH, Stéphanie Burel, présidente de l’ARBS, revient sur les avancées majeures de l’association et les perspectives d’évolution portées par cette nouvelle dynamique collective.



Deux ans après sa création, où en est l’ARBS ?

Stéphanie Burel : Notre association a effectivement vu le jour en octobre 2023, lors des Journées d’études de l’Union des responsables de blanchisserie hospitalière (URBH). Un an plus tard, en 2024, nous avons célébré la première année de l’ARBS lors des Journées d’Orléans, toujours aux côtés de l’URBH. Les prochaines Journées, prévues à La Rochelle, marqueront donc notre deuxième anniversaire. Ce sera également une étape charnière, puisqu’il s’agira de la dernière édition organisée conjointement avec le congrès de l’URBH. En effet, nous travaillons déjà sur l’organisation des Journées 2026, prévues à l’Hôtel-Dieu de Toulouse du 23 au 25 septembre 2026, qui seront les premières à être portées en toute autonomie par l’ARBS.

Il faut dire que vous avez franchi un cap majeur cette année…

En effet, notre congrès a récemment obtenu la certification Qualiopi. C’est un tournant structurant pour notre activité, qui sera pleinement mis en œuvre dès l’édition 2026. Ce succès, nous le devons en partie à l’accompagnement précieux de Catherine Diallo, secrétaire du conseil d’administration de l’URBH, qui nous a soutenus tout au long de la démarche. L’audit initial, réalisé en juin, s’est conclu sans aucune non-conformité, uniquement avec quelques axes d’amélioration, et l’audit de surveillance est déjà planifié pour décembre 2026. Le congrès de Toulouse représentera donc une étape stratégique dans notre développement : il nous permettra de consolider nos acquis et d’affirmer notre identité. Cela est d’autant plus symbolique qu’il se tiendra dans la ville qui abrite le siège de l’ARBS, ce qui est pour nous une grande fierté !

Que va concrètement changer la certification Qualiopi ?

Elle constitue un véritable tournant pour l’ARBS. Jusqu’à présent, la majorité de nos adhérents nous rejoignaient via leur affiliation à l’URBH. À partir de 2026, nous anticipons une augmentation significative des adhésions directes. Du côté des partenaires techniques, nous avons déjà atteint la limite fixée pour les Journées 2025, soit une trentaine de participants. Mais là encore, la reconnaissance apportée par Qualiopi pourrait susciter un intérêt accru et une participation renforcée dès les éditions suivantes. Les efforts engagés ces deux dernières années commencent donc à porter leurs fruits, et nous continuons de nous structurer et de nous professionnaliser pour poser les fondations d’une organisation solide. Dès l’édition 2026, nous mettrons en place une dématérialisation des inscriptions et des questionnaires de satisfaction. Cela nous permettra de recueillir des indicateurs fiables, comme l’exige la certification Qualiopi, tout en allégeant la charge de travail de notre comité d’organisation, composé exclusivement de bénévoles.
 
Quelles sont aujourd’hui les priorités du terrain ?

La demande est forte en matière de retour d’expériences et de partage de bonnes pratiques. C’est précisément dans cette optique que l’ARBS a vu le jour, et l’engouement qu’elle suscite aujourd’hui montre que nous avons visé juste. Nous avons, par exemple, été invités à intervenir en juin dernier lors de la journée dédiée aux innovations en logistique, coorganisée par l’Anap et le Resah. Nous y avons présenté des expérimentations en cobotique, c’est-à-dire l’intégration de robots collaboratifs dans les organisations de bionettoyage. L’intérêt a été immédiat, notamment autour des témoignages concrets et des contacts établis entre établissements. C’est exactement là que réside l’une des missions fondamentales de l’ARBS : faciliter la circulation de l’information, encourager le dialogue entre pairs, et rendre visibles les initiatives innovantes. Dans cette même dynamique, nous allons engager un chantier ambitieux afin de créer des indicateurs spécifiques au bionettoyage, et permettre aux établissements de structurer leurs organisations sur des bases solides.

Pourriez-vous nous en dire davantage ?

De plus en plus d’établissements adoptent des systèmes de traçabilité dématérialisée pour le suivi des activités de bionettoyage. Cette évolution ouvre la voie à la constitution d’une base de données chiffrées, permettant la création d’indicateurs de performance. Prenons un exemple concret : connaître la durée moyenne de nettoyage d’une chambre permet de mieux dimensionner les organisations et de cibler les leviers d’amélioration. Chaque établissement a aujourd’hui ses propres pratiques. Ainsi, au CHU de Toulouse, les soignants prennent en charge le nettoyage de l’environnement immédiat du patient, tandis que les agents des services hospitaliers (ASH) s’occupent de l’environnement plus éloigné. À la sortie du patient, ce sont les ASH qui assurent l’ensemble du nettoyage. Ce type d’organisation, s’il est documenté à travers des données fiables, peut être évalué, comparé, et potentiellement ajusté pour gagner en efficience. Il faudra sans doute plusieurs années pour constituer une base suffisamment représentative, mais nous aurons déjà de premiers résultats exploitables d’ici deux à trois ans.

En attendant, les Journées 2025 s’intéresseront à la question des marchés. Pourquoi ce choix ?

Parce que l’externalisation progresse dans de nombreux établissements, et qu’il est crucial de fournir des clés de lecture pour éclairer ce type de choix. Les indicateurs de performance que nous développons joueront un rôle essentiel, à terme, dans cette prise de décision. En attendant que ce travail aboutisse, nous proposerons dès 2025 des repères concrets pour accompagner la réflexion des décideurs. Par ailleurs, lorsque l’externalisation est actée, il est fondamental que la collaboration entre établissement et entreprise de propreté repose sur un cadre clair, dès la rédaction du cahier des charges. Les termes doivent être précis pour éviter toute interprétation et prévenir les conflits. Nous proposerons donc, là aussi, des pistes pour poser les bases d’un contrat solide. Nous aborderons également la gestion quotidienne de cette co-activité. Chaque acteur, qu’il soit prescripteur ou prestataire, doit connaître son rôle, ses responsabilités et s’engager dans une dynamique commune. Nous présenterons à ce titre les « dix commandements de la co-activité », pour favoriser des relations durables, équilibrées et constructives.

Un volet pédagogique est aussi prévu, autour du risque infectieux lié à l’eau…

Oui, deux thématiques principales seront traitées dans ce cadre. La première concerne les centrales de dilution. Ce sont des équipements efficaces, qui permettent un dosage maîtrisé des désinfectants, tout en limitant l’exposition des agents. Mais leur bon fonctionnement repose sur une utilisation rigoureuse, des contrôles réguliers et une maintenance adaptée, au risque d’entraîner des non-conformités. Nous rappellerons donc les bonnes pratiques à respecter. La seconde thématique portera sur une technologie innovante de désinfection des réseaux d’eau par électrolyse, mise en œuvre notamment au CH de Niort et qui constitue une avancée prometteuse pour renforcer la sécurité bactériologique des installations. Nous en présenterons le principe, les conditions de déploiement, et les résultats observés sur le terrain.

Et côté Management ?

Impossible d’ignorer cette dimension dans un congrès qui s’adresse aux responsables du bionettoyage ! Là encore, deux grands axes seront mis en avant. Le premier portera sur les soft skills, ces compétences relationnelles (écoute, intelligence émotionnelle, gestion des conflits, esprit d’équipe…) devenues indispensables à tout encadrant. Nous mettrons en lumière une approche originale, des ateliers de coaching par les chevaux, proposés dans un centre de formation du Tarn. Le second axe portera sur un dispositif de formation des agents de bionettoyage par le jeu, conçu par les infirmiers hygiénistes du CHU de Toulouse. Ce module ludique, développé avec le soutien financier de l’Institut Saint-Jacques – le fonds de dotation du CHU – et du programme Green’Ov, qui accompagne les initiatives RSE portées en interne, est conçu sur le modèle des jeux de rôle. Il est facilement adaptable à tout type d’établissement et sera offert à tous les participants des Journées 2025.

Le mot de la fin ?

Les Journées 2025 s’annoncent riches, ambitieuses et porteuses d’une belle énergie collective. L’ARBS est sur une trajectoire ascendante. Notre association prend de l’ampleur, gagne en visibilité et contribue activement à la valorisation des métiers du bionettoyage. Mais le chemin ne fait que commencer. Nous avons encore de nombreuses dynamiques à développer, notamment avec des partenaires comme l’Association des responsables des transports et de la logistique à l’hôpital (ARTLH), avec qui nous partageons des enjeux de terrain, ou la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), avec qui nous avons déjà engagé un travail de fond. À ce titre, nous avons collaboré cette année avec la SF2H à la refonte du baccalauréat professionnel « Hygiène et environnement », afin d’y intégrer des modules sur la digitalisation de la traçabilité et le suivi qualité, et pouvoir ainsi aligner la formation initiale avec les réalités actuelles du terrain. Ce travail en réseau, cette volonté de faire bouger les lignes ensemble, c’est aussi l’ADN de l’ARBS. Alors, rendez-vous à La Rochelle pour poursuivre, ensemble, cette dynamique de progrès !

Plus d’informations sur le site de l’ARBS

> Article paru dans Hospitalia #70, édition de septembre 2025, 
à lire ici 
 
 
 
 





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